Dans un rêve que j’ai fait récemment, j’expliquais à des artistes que j’aime beaucoup cette relation entre la forme et l’idée en donnant l’exemple de deux sculptures de fleurs : la première en marbre, la deuxième en argile avec des pigments de différentes couleurs.
La fleur en marbre évoque l’aspect figé de la vie. La matière est froide et dure. Les variations de la lumière dépendent du lieu où elle est exposée. Dans une pièce de musée, en plein air ou dans des lieux plus complexes où la lumière atteint le marbre différemment, c’est la vue de la fleur qui est importante plus que son toucher.
Plusieurs idées peuvent être développées à partir de cette forme.
1) La fleur figée dans le temps : la représentation d’un être vivant dans une matière tel que le marbre renvoie au côté rigide et sec de la vie. Les éléments extérieurs changent mais la fleur reste la même, dans sa propre éternité, dans une pose unique à la façon de celle des morts.
2) Le marbre, par sa consistance, accentue cette posture funèbre.
Cette sculpture interroge sur la forme que prend la vie pour s’incarner. La fleur en marbre pose la question de la forme (une pose), du mouvement (figé) et de l’identité (qu’est-ce que la fleur par rapport à ce qui l’entoure ?).
La fleur en argile agrémentée de pigments est colorée, changeante car très sensible à l’humidité d’une pièce ou de la météo dehors. Cette sculpture ne sera jamais la même d’un jour à l’autre. Les changements de lumière ici sont secondaires. Ils permettent seulement d’observer les variations de couleurs. Cette fleur est éphémère. Elle finira par faner car l’argile a besoin d’eau, même indirectement, pour faire évoluer l’œuvre. Là, nous avons une expression du cycle de la vie dans l’évolution dans la fleur. La forme incarne l’idée. Elle est fragile dans sa forme mais forte dans l’idée qu’elle transmet.
Dans les sculptures, le premier art marquant ma petite enfance, la fascination de la forme m’a prise au dépourvu. Les voir m’apaisaient. Tout comme être auprès des arbres. Par leur immobilité, ils évoquent non un mouvement externe mais un mouvement interne. Et ce dernier est l’idée première de l’œuvre.
In a dream I recently had, I was explaining to artists I like very much this relationship between form and idea by giving the example of two flower sculptures: the first in marble, the second in clay with pigments of different colours.
The marble flower evokes the frozen aspect of life. The material is cold and hard. The variations in light depend on the place where it is exposed. In a museum room, in the open air or in more complex places where the light reaches the marble differently, it is the sight of the flower that is more important than its touch.
Several ideas can be developed from this form.
1) The flower frozen in time: the representation of a living being in a material such as marble refers to the rigid and dry side of life. The external elements change but the flower remains the same, in its own eternity, in a unique pose like that of the dead.
2) Marble, by its consistency, accentuates this funeral posture.
This sculpture questions the form that life takes to incarnate itself. The marble flower poses the question of form (a pose), movement (frozen) and identity (what is the flower in relation to what surrounds it ?).
The clay flower decorated with pigments is colourful, changing because it is very sensitive to the humidity of a room or the weather outside. This sculpture will never be the same from one day to the next. The changes in light here are secondary. They only allow us to observe the colour variations. This flower is ephemeral. It will eventually wither because the clay needs water, even indirectly, to make the work evolve. Here we have an expression of the cycle of life in evolution in the flower. The form embodies the idea. It is fragile in its form but strong in the idea it transmits.
In sculpture, the first art form that marked my early childhood, the fascination of form caught me off guard. Seeing them soothed me. Just like being near the trees. By their immobility, they evoke not an external movement but an internal one. And the latter is the primary idea of the work.